Plus d’édifices préromans
Introduction et Carte
Dix constructions préromanes, de type religieux et civil, s’ajoutent à l’ensemble des édifices préromans classés au patrimoine mondial, ainsi qu’une liste d’éléments décoratifs, architecturaux et épigraphiques, dispersés à travers le territoire asturien, qui ne cesse de s’étoffer.
Les progrès de la recherche dans le domaine de l’archéologie et de l’histoire de l’art ne cessent d’accroître le nombre d’églises d’origine préromane, ainsi que le nombre d’éléments architecturaux, décoratifs et épigraphiques, qui dépassent la centaine, témoignant ainsi de la vitalité de l’art préroman, dans la région des Asturies.
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- Chapelle Santa Cruz, Cangas de Onís
- Église Santianes de Pravia, Pravia
- Église Santa María de Bendones, Oviedo
- Église San Pedro de Nora, Las Regueras
- Église Santiago de Gobiendes, Colunga
- Église Santo Adriano de Tuñón, Santo Adriano
- Église San Martín de Salas, Salas
- Église Santa María de Arbazal, Villaviciosa
- Église San Andrés de Bedriñana, Villaviciosa
- Vieille tour Cathédrale San Salvador de Oviedo
Santa Cruz de Cangas de Onís
Cangas de Onís (partie orientale des Asturies)
VIIIe siècle
Construite par le fils de Pélage, le roi Favila, aux côtés de sa femme Froiluba, l'église a été consacrée à la Sainte Croix, le 27 octobre 737, par le prêtre Asterio.
Son caractère modeste répond à des normes de construction locales. Bien qu’il s’agisse d’un exemple d’architecture préromane asturienne, elle a le mérite d’être la première à être construire sous le patronage d’un roi au sein du nouveau royaume des Asturies, et dans sa première capitale, Cangas de Onís.
Elle est mentionnée dans les Chroniques asturiennes, dans la version Rotense, écrite vers 885, où il est dit que Fáfila « édifia, dans un ouvrage remarquable, une basilique en l’honneur de la Sainte Croix ».
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D’après la tradition, ce temple a été le dépositaire de la croix en chêne que Pelage porta pendant la bataille de Covadonga et qui, plus tard, en 908, serait recouverte de feuilles d’or et de pierres précieuses au château de Gauzón par le roi Alphonse III le Grand, devenant la Croix de la Victoire, l’emblème de la principauté des Asturies.
La construction se dresse sur un monticule qui abritait une structure mégalithique préhistorique, dans un processus de christianisation d’espaces de centralité religieuse païenne, connue dans toutes les Asturies.
La chapelle originale a subi des transformations successives au fil des siècles. Elle a été reconstruite en 1663 puis entièrement détruite pendant la guerre civile (1936-1939). L’ermitage actuel est une reconstruction des architectes Emilio Antonio González-Capitel et Luis Menéndez-Pidal y Álvarez, en collaboration avec le sculpteur Gerardo Zaragoza, en 1950.
Sa plaque de fondation est l’une des plus connues du Moyen-Âge. Malheureusement détruite pendant la guerre civile, son existence remonte au XVIe siècle, lorsqu’elle fut copiée par Ambrosio de Morales, qui la place au-dessus de l’arc de la chapelle. Son texte est conservé grâce à une copie de Roberto Frasinelli pour la Commission Provinciale des Monuments Historiques et Artistiques de la Province d’Oviedo (1844) :
« Ce génie sacré renaît par ordre divin ; de petite taille, orné des offrandes des fidèles, ce temple brille clairement aux yeux sacrés, montrant symboliquement le signe de la Sainte Croix. Que le Christ trouve agréable ce lieu consacré sous le trophée de la croix, fondé ainsi par le serviteur Fáfila avec une foi diligente, avec son épouse Froiliuba et leurs enfants, pour lesquels, grâce à tes offrandes, que toute ta grâce soit en eux, et qu’après le cours de cette vie, ils reçoivent la généreuse miséricorde. Ici, par le prêtre Asterio, les autels furent consacrés à Christ, le 300e jour de l’année écoulée, pendant la sixième ère du siècle, à l’ère 775 (27 octobre 737) », (Traduction à l’espagnol : César García de Castro ; Traduction au français : Zesauro Traducciones).
Église Santianes de Pravia
Pravia (partie centrale des Asturies)
VIIIe siècle
L'église Santianes aurait été construite sous le patronage des saints Jean, l'apôtre et l'évangéliste, Pierre, Paul et André, par le roi Silo et son épouse Audesinde, entre 774 et 783, à la deuxième des cours du royaume des Asturies, à Pravia.
Selon la Chronique d’Albelda (achevée en 883), Silo a établi la cour à Pravia, sur le territoire de l’ancienne Flavium Avia, en raison de sa position géographique stratégique, un nœud de communication important à l’époque romaine.
Elle aurait rempli les fonctions d’église palatine et de panthéon royal, et se tiendrait à proximité de l’ensemble palatial du roi. À la mort du roi Silo en 774, l’ensemble palatial et l’église sont transformés en résidence monastique, où la reine Audesinde se retire le 26 novembre 785 en présence de Beatus de Liébana, Etherio de Osma et l’évêque Fidel.
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Selon la Chronique d’Alphonse III, de l’an 905, Silo est enterré dans le portique du temple de Santianes, devenant ainsi un panthéon royal, conformément à la tradition hispanique.
L’état primitif de l’église est connu grâce aux descriptions réalisées par plusieurs auteurs, parmi lesquels figurent : Ambrosio de Morales (1513-1591), Tirso de Avilés (1516-1599) et Luis Alfonso de Carvallo (1570-1630). Ce dernier réalise une description détaillée de l’église qui, en raison de son exactitude, revêt un grand intérêt :
« Cette église demeure inchangée jusqu’à nos jours, conservant la même structure, le même style et la même forme que celle qui lui fut donnée à l’époque. Bien que de petite taille, elle se compose d’une grande chapelle, deux collatérales, un transept et trois nefs, ornés d’arcs et de piliers en pierre de taille, d’une grande harmonie et aux belles proportions. De plus, une autre caractéristique antique de cette église est que son autel principal est situé au centre de la chapelle, de telle sorte qu’il est possible de marcher tout autour, de tous côtés, comme cela se faisait couramment à cette époque. De même, dans la chapelle du Roi le Chaste, il y en a un autre de cette manière, dans l’une des chapelles collatérales. Il en va de même pour l’église del Santullano, près de la ville d’Oviedo, ainsi que pour d’autres anciennes églises ».
En 1637, des modifications furent apportées à la structure architecturale primitive préromane de l’église en raison des travaux réalisés à l’intérieur, pour construire un espace sépulcral destiné à la famille Salas.
Ces travaux ont entraîné la démolition et l’agrandissement de la chapelle principale, ainsi que la rupture et la dispersion de la célèbre pierre labyrinthique de Silo, l’acrostiche « Silo princeps fecit », et la plaque de fondation de l’église.
Au cours du XIXe siècle, le temple a fait l’objet de rénovations successives : selon Fortunato de Selgas, en 1836, le transept (ou la nef transversale) est restauré et, en 1868, le vestibule et les sépultures royales disparaissent, la tribune actuelle étant le résultat d’une restauration ultérieure.
En 1894, d’importants vestiges architecturaux appartenant à l’église d’origine et datant du VIIIe siècle, ont été découverts : un pilastre, probablement le podium de l’autel, ainsi que deux chancels décorés de divers motifs floraux et géométriques, qui sont actuellement conservés par la Fondation Selgas Fagalde, dans le palais de El Pito, à Cudillero.
Des fouilles et travaux de restauration menés à partir de 1975 sous la direction de l’architecte José Menéndez-Pidal y Álvarez ont mis au jour des structures architecturales et d’importants vestiges décoratifs. Les fonds baptismaux sont particulièrement intéressants. Ils se situent au pied de la nef, orientée au sud : un baptistère par immersion, taillé dans un bloc en grès, probablement plus ancien que la construction du temple.
Au fil des siècles, d’importants vestiges sculpturaux préromans ont été retrouvés, formant un ensemble remarquable de 182 pièces conservées dans l’église elle-même.
Quatorze de ces pièces, parmi lesquelles se distinguent l’inscription de fondation de l’église et la pierre labyrinthique du roi Silo, ont été cédées par l’Archevêché d’Oviedo à la municipalité de Pravia, pour être temporairement conservées au Musée préroman de Santianes situé dans l’ancien presbytère, propriété de la municipalité et géré par la Fondation Valdés Salas.
San Juan Apóstol y Evangelista de Santianes de Pravia demeure une paroisse à ce jour.
Église Santa María de Bendones
Oviedo (partie centrale des Asturies)
IXe siècle
Elle se situe dans la commune d'Oviedo, à quelque cinq kilomètres de sa capitale. Brûlée et détruite en 1936, elle a été découverte par Joaquín Manzanares en 1954 puis reconstruite en 1958 par l'architecte Luis Menéndez Pidal y Álvarez.
L’église correspond à la période d’Alphonse II (791-842) et est mentionnée dans les chroniques du haut Moyen Âge du Xe siècle, un don du roi Alphonse III le Grand et sa femme doña Jimena à la cathédrale San Salvador d’Oviedo, le 20 janvier 905. Le texte original a disparu mais il subsiste une transcription réalisée par l’évêque don Pelayo dans le Liber Testamentorum, vers 1129, mentionnant que le roi Alphonse III le Grand et son épouse doña Jimena font don de « iuxta Ouetum uillam Uendones cum Ecclesia Sancte Marie ».
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Le plan, constitué d’une seule nef, présente des similitudes évidentes avec celui de San Julián de los Prados. À l’est, on apprécie le chevet trilobé, la grande chapelle étant coiffée d’une voûte tandis que le plafond des chapelles latérales est recouvert de bois. Les trois chapelles conservent sur leur mur oriental une jalousie moderne.
Les trois chapelles sont reliées à la nef par des arcs en plein cintre en brique. La nef unique est baignée de lumière naturelle grâce à de grandes baies, avec deux ouvertures sur chacun des quatre murs. Deux enceintes rectangulaires sont adossées au nord et au sud et surmontées d’une charpente en bois. Côté ouest, trois enceintes sont annexées, dont celle du milieu qui aurait servi de vestibule.
Au sommet de l’abside centrale, se trouve une pièce avec un accès unique depuis l’extérieur à travers une fenêtre à trois ouvertures encadrées d’une petite moulure qui orne la partie supérieure, à la manière du typique alfiz mozarabe du Xe siècle. Cette pièce aveugle, caractéristique de l’architecture préromane, était en ruines au moment de la reconstruction.
Dans le temple, la table d’autel est d’origine. Elle se situe dans la chapelle sud, considéré comme le deuxième autel préroman le plus ancien après celui de l’église San Juan Apóstol y Evangelista, à Santianes de Pravia.
Dans l’église, deux fragments décoratifs ont été découverts. Ils appartiendraient à la plaque de chancel primitive qui se situerait dans la grande chapelle et dans les chapelles latérales, séparant ainsi le chœur, l’espace le plus sacré, de l’espace réservé aux fidèles. Le motif décoratif représente un arbuste épuré d’où émergent de petites feuilles avec des fleurs, tandis qu’une tige serpentant et des follicules en forme de cœur, ainsi que de fines feuilles, sont représentés au verso. Cette décoration est similaire aux plaques de chancel réutilisées dans l’église Santa Cristina de Lena, datant certainement de la seconde moitié du VIIe siècle.
Ces deux fragments de plaques de chancel sont actuellement conservés au Musée archéologique des Asturies, depuis la première campagne des œuvres de restauration du bâtiment mise en œuvre sous la direction de Luis Menéndez-Pidal y Álvarez, de 1958 à 1961.
Dans la grande chapelle, un fragment de peinture représentant un modillon dessiné en perspective est conservé. Il existe également d’autres éléments picturaux dans l’abside sud, tels que le vase orné de guirlandes qui pare l’arc d’accès à la chapelle.
À l’extérieur de la façade sud, une tour indépendante reconstruite par Luis Menéndez Pidal se dresse sur des vestiges du XIIe siècle. Elle servirait probablement de clocher de l’église.
Santa María de Bendones demeure une paroisse à ce jour.
Bendones, Oviedo.
Église San Pedro de Nora
Las Regueras (partie centrale des Asturies)
IXe siècle
L'église se trouve dans la commune de Las Regueras, sur la rive du cours d'eau Nora, près de son confluent Nalón, à douze kilomètres de la ville d'Oviedo.
Elle a été construite sous le règne d’Alphonse II le Chaste (791-842) et partage des similitudes avec les églises de cette période comme celles de San Julián de los Prados/Santullano et Santa María de Bendones.
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L’église San Pedro de Nora n’est pas mentionnée dans les chroniques médiévales jusqu’au Xe siècle, lorsqu’elle apparaît dans le grand don du roi Alphonse III le Grand et son épouse doña Jimena fait à la cathédrale San Salvador d’Oviedo, le 20 janvier 905. Le don est confirmé au XIIe siècle par l’évêque don Pelayo dans le Liber Testamentorum, vers 1129 : « …ecclesiam Sancti Petri de Nora cum suis adiacenciis ».
Au plan basilical, l’église comprend trois nefs séparées par des arcatures reposant sur des piliers de section carrée, et coiffées d’un plafond en bois. Elle est baignée de lumière naturelle à travers des baies quadrangulaires dotées de jalousies, sur la partie haute des murs. Le chevet trilobé comprend des absides voûtées et éclairées par une fenêtre dotée d’une jalousie sur chaque façade.
Un petit édicule ou tabernacle, caractéristique d’autres églises asturiennes telles que San Julián de los Prados, San Salvador de Valdediós ou la crypte de Santa Leocadia de la Chambre Sainte de la cathédrale d’Oviedo, est conservé sur le mur oriental de la grande abside.
Deux enceintes sont adossées aux façades méridionale et septentrionale, dont l’emplacement est caractéristique de la typologie architecturale asturienne, de même que la pièce au-dessus de la grande chapelle à laquelle on ne peut accéder que depuis l’extérieur à travers une fenêtre à trois embrasures coiffées d’arcs en plein cintre en brique reposant sur deux colonnes.
Pendant la période médiévale, aux XIIe et XIIIe siècles, des changements significatifs ont lieu, tels que l’ouverture des embrasures qui relient les chapelles latérales à la grande abside.
Au pied, se trouve un vestibule accessible par un arc en plein cintre, qui donne accès à l’intérieur de l’église à travers une porte à linteau.
Détruite pendant la guerre civile, une importante reconstruction a été entreprise en 1935 par l’architecte Alejandro Ferrant, suivie par Luis Menéndez-Pidal y Álvarez, entre 1940 et 1970. À l’initiative de cet architecte, un clocher est construit près de l’église, dont l’emplacement et la conception n’obéissent à aucun vestige archéologique, étant une interprétation personnelle de l’architecte.
San Pedro de Nora demeure une paroisse à ce jour.
San Pedro de Nora 33119. San Pedru Nora
Parroquia: +(34) 985 784 256
Église Santiago de Gobiendes
Colunga (partie orientale des Asturies)
IXe siècle
Située à Colunga, l'église est contemporaine du temple de San Salvador de Priesca et, comme ce dernier, l'un des rares exemples d'une construction qui n'a pas été construite par les monarques asturiens.
Les sources documentaires ou épigraphiques ne mentionnent pas la date de consécration du temple jusqu’au Xe siècle, lorsque la première mention de l’église apparaît dans un don fait par le roi Ordoño II à la cathédrale San Salvador d’Oviedo, le 8 août 921. Le document est ainsi mentionné dans la transcription faite par l’évêque don Pelayo dans le Liber Testamentorum, vers 1129,
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indiquant expressément le don, « in territorio Colunga Monasterium Sancti Iacobi apostoli de Gaudentes per suos terminos ab omni integritate ».
Le modèle architectural présente des similitudes formelles avec San Julián de los Prados. Le plan basilical à trois nefs séparées par des arcs en plein cintre reposant sur des piliers de section carrée et des chapiteaux (à imposte), et coiffées d’un plafond en bois. Le voûtement du chevet trilobé est conservé dans les chapelles qui, à l’origine, étaient ornementées de motifs picturaux peints à fresque.
En 1853, l’église a subi une profonde transformation pour augmenter la surface de l’abside. Cet agrandissement a entraîné la destruction du mur de façade de l’abside et la disparition des arcatures aveugles adossées à l’abside centrale, ainsi que le tabernacle ou sanctuaire, avec son coffret reliquaire, typique des églises asturiennes.
Huit pièces de l’église ont été conservées au presbytère, correspondant aux chapiteaux de l’arcature aveugle disparue de la chapelle centrale, détruite en 1853. Les pièces représentent une reproduction, à plus petite échelle, de la série de quatre chapiteaux de l’arcature de la nef centrale, avec l’introduction d’une nouveauté pour l’une d’entre elles : sa décoration végétale ressemble aux motifs de San Miguel de Lillo.
Entre 1983 et 1988, l’église a fait l’objet d’une profonde rénovation sous la direction de l’architecte Magín Berenguer Díez, qui a restauré le volume d’origine de la nef principale et les fenêtres primitives, clôturant le plafond en bois à deux pentes à son niveau d’origine. L’étage primitif retrouve son niveau bien qu’il n’ait pas été possible de restaurer le revêtement de sol original d’opus signinum.
S’ajoute à cette restauration l’intervention archéologique menée par le chanoine et archéologue don Emilio Olávarri Goicoechea, au cours de laquelle une partie de l’autel original (bloc) a été récupérée dans la chapelle principale, ainsi que le mur de clôture (façade) d’origine de l’église. Plusieurs sépultures médiévales à l’intérieur du temple sont également documentées.
Santiago de Gobiendes demeure une paroisse à ce jour.
Église Santo Adriano de Tuñón
Santo Adriano (partie centrale des Asturies)
Consacrée en 891
Située dans la commune de Santo Adriano, l'église aurait fait partie d'un monastère fondé par le roi Alphonse III et son épouse Jimena (866-910). Le temple, dédié aux saints martyrs Adrien et Nathalie, aurait été consacré par les évêques d'Oviedo, Iria, Coimbra et Astorga, selon une lettre de fondation datée de 891 et conservée aux archives capitulaires de la cathédrale d'Oviedo.
En 1108, l’église subit une première rénovation, comme en témoigne une plaque placée entre deux arcs de l’arcature sud, indiquant que l’église est de nouveau consacrée par l’abbé Eulalio et l’évêque d’Oviedo, don Pelayo. Une autre inscription est également conservée. Il s’agit d’une synthèse de la précédente, réalisée au XVIIe siècle.
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L’église présente le plan basilical classique, constituée de trois nefs séparées par une arcature à trois arcs en plein cintre qui reposent directement sur deux piliers dépourvus de chapiteau et imposte ou de bases.
Dans la partie orientale, se trouve le chevet formé de trois chapelles rectangulaires voûtées. Deux pièces étaient adossées aux façades sud et nord, dont seule celle méridionale a été conservée.
La décoration sculpturale de la chapelle principale se limite aux deux colonnes adossées de l’arc d’accès à l’abside centrale, dont les chapiteaux sont des pièces de tradition classique réutilisées, datant des IVe et Ve siècles.
À l’extérieur du chevet et au-dessus de l’abside principale, se trouve la traditionnelle pièce aveugle avec un accès externe unique à travers une fenêtre à deux ouvertures, ornée d’arcs en plein cintre en brique et d’un petit pilier central.
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, l’église fait l’objet d’importantes rénovations, notamment l’ajout d’un nouveau corps de nef au pied, la façade principale et le couronnement du clocher-mur.
Entre 1949 et 1951, l’église est restaurée par l’architecte Luis Menéndez Pidal y Álvarez, époque à laquelle d’importants vestiges de peinture murale sont découverts dans la chapelle principale. En 1986, l’église fait à nouveau l’objet d’une restauration dirigée par les architectes Miguel Ángel García Pola, Carlos Ignacio Marqués et Jesús Palacios.
De 2008 à 2015, le département de l’Éducation et de la Culture entreprend une nouvelle restauration. Un vaste programme d’actions vise également à résoudre les problèmes d’humidité affectant les parements sur lesquels des peintures murales sont conservées. Ces travaux, qui ont permis de consolider et de restaurer les peintures, ont été menés par l’Institut du patrimoine culturel d’Espagne, relevant du ministère de l’Éducation, de la Culture et du Sport.
C’est dans la chapelle centrale que sont conservées les peintures murales préromanes datant du IXe siècle, dont l’iconographie singulière repose sur des frises végétales, des cercles concentriques et la représentation de créneaux, avec, au centre du mur du fond, le soleil et la lune rayonnante, et sur les murs latéraux, des croix processionnelles. Bien que la palette de couleurs soit limitée, elles sont considérées comme exceptionnelles dans l’art préroman asturien car elles utilisent des répertoires andalous : la représentation de créneaux, disposés sous forme de frise, s’inspirent des formes architecturales islamiques, et dont l’église San Salvador est le précurseur sculptural.
Dans l’ensemble, il s’agit d’une représentation magnifique avec une symbolique claire renvoyant à la Jérusalem céleste de l’Apocalypse, et montrant des parallèles dans les miniatures de Beatus de Liébana. Dieu, et plus spécifiquement le Verbe divin, est considéré comme le nouveau soleil. Christ, en étant considéré comme la manifestation du Père dans le monde, représente l’Orient, le soleil qui éclaire la lune, son église, selon les paroles d’Isidore de Séville.
Santo Adriano de Tuñón demeure une paroisse à ce jour.
Église San Martín Salas
San Martin (partie centrale des Asturies)
VIIIe et IXe siècles
L'église San Martín se situe à un kilomètre du village de Salas, à proximité de la rivière Nonaya.
L’église San Martín exercera les fonctions de paroisse jusqu’en 1896, date à laquelle la paroisse est déplacée à la collégiale de Santa María la Mayor de Salas, tout en maintenant le culte à l’église San Martín le jour des morts (le lendemain de la fête de la Toussaint).
Cette église est mentionnée pour la première fois dans un document daté de 896, dans lequel Gonzalo, le fils d’Alphonse III le Grand et de la reine Jimena, fait don à l’église d’Oviedo de diverses villes et églises dans les Asturies. Le document nous est parvenu à ce jour dans une copie du XIIe siècle, réalisée par le scriptorium de l’évêque Pelayo, conservée dans le Liber Testamentorum, rédigé vers 1129.
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L’église primitive aurait été construite à une date inconnue entre les VIIIe et IXe siècles, et sa détérioration progressive rendra nécessaire sa reconstruction le 12 octobre 951, grâce à l’intervention d’un prêtre, qui s’appellerait Adefonsus confessus, comme en témoigne l’inscription sur la façade sud du temple.
L’église a été entièrement rénovée à la fin du XVe siècle, puis à nouveau aux XVIIe et XVIIIe siècles. Suite aux transformations successives de sa structure, seules quelques pièces de sa fabrique préromane sont conservées, enchâssées de façon désordonnée dans les murs de l’église. En réalité, il s’agit de reproductions, car les pièces d’origine ont été retirées lors d’une intervention de restauration controversée en 1980. Par la suite, ces pièces ont été conservées dans le chœur de la collégiale de Salas, puis transférées dans la tour du palais de Valdés Salas.
En 1998, un musée municipal a été créé dans la tour, où un ensemble de 21 pièces épigraphiques et sculpturales, cédées temporairement par l’archevêché d’Oviedo à la mairie de Salas, est exposé.
Le musée a rouvert ses portes en 2019 dans l’ancienne chapelle du palais de Valdés Salas sous le nom de Musée préroman de San Martín de Salas, actuellement géré par la Fondation Valdés Salas. (Lien vers la page Web du Musée)
Les pièces préromanes de l’église San Martín constituent, dans leur ensemble, un excellent échantillon de la perfection et de la richesse décorative des ateliers asturiens du Xe siècle. En effet, ces magnifiques pièces témoignent de la manière dont la dernière période de l’art préroman, également connue sous le nom d’art asturien, s’est ouverte à de nouvelles influences, tout en préservant ses traditions artistiques et en développant des tendances innovantes.
San Martín de Salas a été une église paroissiale jusqu’en 1898. Actuellement, le culte de la Toussaint est célébré le 1er novembre.
Église Santa María de Arbazal
Villaviciosa (partie orientale des Asturies)
VIIIe-Xe siècles
Située à Arbazal, cette petite église est un exemple rare des temples construits au service d'une petite communauté rurale, faisant partie d'un vaste réseau d'oratoires et de temples ruraux du haut Moyen Âge.
L’église préromane a été préservée sous la forme d’une sacristie du temple baroque moderne de Santa María de Arbazal, dédiée à la Virgen de las Angustias.
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L’ancien temple, de petites dimensions, se compose d’une seule nef qui se termine par un chevet de section quadrangulaire accessible par un arc triomphal. La nef aurait à l’origine une hauteur plus élevée que celle actuelle et est coiffée d’un plafond en bois à deux pentes, tandis que le chevet conserve la voûte originale en berceau légèrement brisé.
Aucun document écrit ne permet de dater la période de construction de cette église, mais des parallèles peuvent être établis avec d’autres temples du haut Moyen Âge de la région. Par exemple, l’ancienne église San Juan de Riomiera disparue, qui se trouvait dans la commune d’Aller, a été documentée grâce à des fouilles archéologiques, sa première phase de construction se situant entre les VIIIe et Xe siècles.
Santa María de Arbazal célèbre le culte du jour de la Pentecôte et de la Virgen de las Angustias.
Arzabal. Villaviciosa
Église San Andrés de Bedriñana
Villaviciosa (partie orientale des Asturies)
postérieur à 893
Située à environ deux kilomètres de la capitale de la commune de Villaviciosa, l'église préromane a été restaurée après une grande intervention menée entre 2002 et 2007 par le ministère de l'Éducation et de la Culture.
Le temple a été restauré selon le projet de l’architecte Nieves Ruiz Fernández, et des fouilles archéologiques ont permis de constater que le temple conservait 80 % de la fabrique primitive du haut Moyen Âge.
L’église a brûlé pendant la guerre civile, en 1936, puis a été rénovée par l’architecte Luis Menéndez Pidal y Álvarez, avec la restauration de la charpente en bois et la peinture à la chaux des murs.
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La nef conservée correspond à la fondation du haut Moyen Âge jusqu’à l’arc triomphal, et les élévations sont également d’origine jusqu’aux impostes. Le temple a été rénové aux XIIe-XIIIe siècles, période à laquelle correspondent le portail méridional roman et l’arc triomphal qui permet d’accéder à la chapelle centrale.
Le chevet et les chapelles latérales sont le résultat de rénovations des XVIe et XVIIe siècles au cours desquelles le chevet préroman a été démoli pour construire la chapelle de Valdés Sorribas en 1671. Cela a entraîné la perte d’une partie de la structure originale et le déplacement de certains de ses éléments, tels que la jalousie actuellement placée sur la façade.
Quatre fenêtres d’origine ont été conservées sur les murs nord et sud de l’église, qui répondent formellement à une fenêtre bifore monolithique, deux petits arcs en fer à cheval et une décoration en forme de corde, encadrés d’une bordure périmétrique décorée d’un épi formant un faux alfiz.
Des motifs en forme de cœur avec des tiges se terminant par des volutes très géométriques sont également représentés. Les moulures des quatre fenêtres présentent un travail de sculpture similaire à celui des six petites fenêtres de l’église San Salvador de Valdediós, bien qu’à Bedriñana, les éléments décoratifs soient enrichis par l’inclusion de reliefs incisés d’oiseaux, un enrichissement initialement de type eucharistique très significatif.
La splendide jalousie de la façade est remarquable, son thème végétal correspond à l’influence des courants artistiques syro-byzantins qui ont favorisé l’abondance de ces motifs végétaux dans l’art plastique asturien. Cette jalousie partage des caractéristiques avec celle située sur le portique de l’église San Salvador de Valdediós et répond à la même lecture iconographique : elle représente un arbre chargé de fruits du bonheur qui accueille sous son feuillage le véritable arbre de la vie, la Croix, le symbole du Christ eschatologique, qui est aussi l’Église.
San Andrés de Bedriñana demeure une paroisse à ce jour.
Bedriñana. Villaviciosa
La vieille tour de San Salvador de Oviedo
Oviedo (partie centrale des Asturies)
IXe siècle
La vieille tour de San Salvador se situe dans la cathédrale d'Oviedo, à côté de la Chambre Sainte, et elle donne accès au cloître supérieur, où se trouve actuellement le musée de l'église.
Sa construction remonte à la fin du IXe siècle, lorsque Alphonse III le Grand (866-910) renforce la défense du périmètre fortifié d’Oviedo érigé par son prédécesseur Alphonse II le Chaste (791-842), afin de prévenir d’éventuelles incursions normandes ou musulmanes autour de la basilique de San Salvador et de protéger le Trésor reliquaire conservé dans la Chambre Sainte.
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L’inscription conservée sur le mur d’accès à la chapelle de Santa María du Roi le Chaste est considérée par certains historiens comme l’inscription de fondation, laquelle attribuerait sa construction à Alphonse III le Grand :
« Au nom de notre Seigneur, Dieu et Sauveur, Jésus-Christ, et à la gloire de tous, de la glorieuse sainte Marie Vierge, des douze apôtres et des autres saints martyrs, en l’honneur desquels le temple a été construit en ce lieu d’Oviedo par un certain prince religieux Alphonse ; à sa mort, et jusqu’à aujourd’hui, lui succédant sur le trône le quatrième de ses descendants, du même nom, le prince Alphonse, fils du roi Ordoño de sainte mémoire, a fait construire cette fortification avec son épouse Jimena, avec deux fils nés, afin que la défense de la forteresse du trésor de cette sainte église reste sans dommage, prévoyant que rien ne périsse, car les païens ont tendance à se hâter avec leur armée de pirates maritimes, pour que cela n’arrive pas. Cette œuvre que nous offrons soit accordée en possession perpétuelle de cette même église » (Traduction à l’espagnol : César García de Castro ; Traduction au français : Zesauro Traducciones).
Dans la tour, on distingue deux espaces. La partie inférieure, plus ancienne, de style préroman, a une structure rectangulaire irrégulière, avec peu d’ouvertures, et aurait une fonction défensive.
La partie supérieure est le résultat de la rénovation romane entreprise au XIe siècle. Lors de cette restauration, le sommet de la structure du haut Moyen Âge est démoli et deux corps superposés voûtés sont construits : le premier repose sur la structure du haut Moyen Âge et, au-dessus de ce corps, se trouve la partie supérieure destinée au clocher, avec deux ouvertures en plein cintre soutenues par des colonnes ornées de chapiteaux sur chaque pan.
La construction de ce clocher serait liée à l’époque du pontificat de l’évêque Arias (1073-1094).